Nos amis les bêtes !

Publié le par Audrey

Aujourd'hui, Audrey vous parle d'un sujet qui m'est cher : les amitiés entre humains et animaux. Qu'elles s'imposent comme une évidence ou qu'elles se construisent dans la durée, qu'elles démarent ou qu'elles se terminent, elles sont toutes riches en émotions.

N'oubliez pas, vous pouvez retrouver Audrey sur Instagram avec Les mots dans le plat pour des chroniques de livres pour la jeunesse et plein de poésie.

 

Son chat-chat à sa chouchoute

Agnès de Lestrade et Clothilde Delacroix

Sarbacane, 2017

 

 

Chouchoute mène une vie tranquille et paisible, seule dans sa jolie maison. Ce qu’elle aime par-dessus tout, c’est s’occuper de ses bégonias-pétunias-hortensias, et de ses poissons rouges. Couper, nettoyer, astiquer, avant sa pause thé bien méritée. Mais, un jour, un chat vient semer la zizanie dans son petit quotidien un peu trop bien rangé…

Chouchoute chasse le chat chaque jour, mais chaque jour, il revient, jusqu’à ce matin où il ne réapparait pas. Après la joie de goûter à sa sérénité retrouvée, Chouchoute doit se rendre à l’évidence : son chat-chat lui manque…

Sous le trait simple mais plein d’humour de Clothilde Delacroix, cet album raconte avec beaucoup de tendresse les circonstances parfois inattendues de l’arrivée d‘un animal, dans son jardin, comme dans son cœur. Il évoque dans quelle mesure celui-ci chamboule tout, des habitudes… à l’état du canapé ! Mais nos petits compagnons deviennent très vite des membres de la famille à part entière, pourvu qu’on leur laisse à nos côtés la place qu’ils méritent !

 

Cache-toi Arsène !

Ronan Badel

Sarbacane et Amnesty International, 2018

 

 

Un jour de pluie comme les autres, Arsène, rat mélomane de son état, a adopté Jean, pianiste talentueux. Ensemble, c'est le bonheur à deux mains et deux pattes, assis au piano à réinventer le répertoire classique, dans le fauteuil à se passionner pour un film de karaté, à la table du petit-déjeuner, à grignoter du gruyère. Oui mais voilà. Arsène est un rat. Alors les courses ensemble, les sorties au parc, ils ne se l'autorisent jamais. Parce que les gens n'aiment pas les rats.

Arsène connait la musique. Quand ça sonne à la porte, il file se cacher aux toilettes.

Et puis, un jour, ils décident de participer au Concours du duo le plus élégant, organisé à l'occasion du salon de l'animal de compagnie.

Arsène, pour l'occasion, s'est déguisé en caniche. C'est une épreuve pour les deux amis : Jean n'est pas très à l'aise, et Arsène est terriblement gêné par les pelotes de laine qui dissimulent sa véritable identité. Bientôt, il est l'heure de jouer ensemble leur mazurka préférée au piano. Le public est sous le charme, tout le monde se lève, emporté par la beauté du morceau. Sans surprise, ils remportent haut la main le concours. Au moment du discours, Jean décide sous le regard de la foule horrifiée, de débarrasser son ami de ses pelotes de laine, et de dévoiler au monde entier leur histoire d'amitié...

Un très bel album de Ronan Badel que l'on ne présente plus et qui affectionne particulièrement ces romans d'amitié entre les animaux et leurs humains de compagnie ! Cet album a été réalisé en collaboration avec Amnesty International, pour mettre en mots et en images la lutte contre le racisme à laquelle se consacre cette association. Pour dire que nos différences sont notre force, à deux ou quatre pattes.

 

J'en rêvais depuis longtemps

Olivier Tallec

Actes Sud junior, 2018

 

 

Cet album attire d’abord par son format original : XXL et à l’italienne. À l’ouverture, on peut lire le texte sur la page du haut et voir l’illustration sur la page du bas. L’histoire est relatée à la première personne, le narrateur raconte sa rencontre avec son compagnon, un matin de Noël. Très vite, nous découvrons les deux personnages de cette histoire : un petit garçon et un chien, qui n’est pas plus grand que lui ! Le narrateur évoque ainsi, un peu à la façon d’un journal de bord, les premiers moments, la joie de se découvrir et d’apprendre à se connaitre, les regrets inavoués, les surprises et les frayeurs aussi. Avec lui, on revient sur les moments clés de la construction de leur belle amitié.

Toute la saveur de cet album réside dans le parti pris de l’auteur, de raconter cette adoption… du point de vue du chien ! Le lecteur sera surpris et enchanté de découvrir, grâce aux indices glissés au fil des pages, que le narrateur est le toutou. En effet, il s’étonne de ne pas voir le petit garçon manger par terre comme tout le monde, de le voir détester les croquettes, il s’attendrit de voir le petit garçon s’endormir en boule près de lui sur le canapé…

La dernière illustration laisse à voir que le tandem a bien grandi, et que ces deux amis sont toujours aussi complices !

Beaucoup de tendresse encore dans cet album pas comme les autres !

 

L'avis de Sophie

 

Bigoudi

Sébastien Mourrain et Delphine Perret

Les fourmis rouges, 2014

 

 

Bigoudi est une dame d’un certain âge, citadine et très dynamique. Toujours accompagnée de son bouledogue français, Alphonse, Bigoudi est très attachée à sa vie de quartier. Luigi, le boucher et tous les commerçants de proximité sont devenus ses amis, et les amis d’Alphonse, car ils ne manquent jamais de lui réserver une petite surprise à son attention.

Bigoudi a pour passion le thé-poker, mange un hot-dog avant son rendez-vous chez le coiffeur et sa séance shopping, mais toujours avec son Alphonse, « son croûton, son baba au rhum » à ses côtés.

Un jour, Alphonse meurt. Et Bigoudi est désespérée. Elle pleure et ne veut plus sortir, car s’attacher, c’est aimer, et aimer, c’est trop souffrir. Finis les amis, finies les sorties. Elle décide alors de s’enfermer chez elle pour de longs mois. Les seuls éclats de rire qu’elle entend sont ceux des gens tout plats de la télé, et c’est bien mieux comme ça.

Mais si Bigoudi ne revient pas à la vie, alors la vie reviendra à Bigoudi, à la fenêtre même de son appartement du 156ème étage…

Cet album est un petit bijou, un très beau portrait de ce personnage très attachant, car un peu à contre-courant, battant et plein d'humour !

Plus qu’un simple décor narratif, la ville de New-York devient ici un personnage à part entière puisqu’elle ne dort jamais, et va réserver à Bigoudi une belle rencontre surprise, qui va la sortir de son long deuil et mettre un peu de jaune couleur soleil dans les jours tout gris qu’elle traverse, à l’image des touches de jaune parsemées au cœur des illustrations crayonnées.

Un album plein de vie qui parle de la mort, un conte moderne avec un happy end !

 

L'avis de Sophie

 

L'enfant et la baleine

Benji Davies

Milan jeunesse, 2013

 

 

Noé est un petit garçon qui vit seul avec son papa, pêcheur de métier dans une petite cabane au bord de l’océan, avec leurs six chats.

Un jour, lors d’une promenade sur la plage, il tombe nez-à-nez avec une petite baleine échouée, en grande détresse. Il décide immédiatement de lui venir en aide et la ramène à la maison pour l’installer dans la baignoire. Noé trouve en cette baleine une amie inattendue, qui vient tout à coup combler le vide de sa solitude. Il lui fait écouter ses chansons préférées et lui parle de sa vie sur l’île. Quand son papa rentre de la pêche le soir venu, celui-ci lui explique qu’il faut remettre rapidement la baleine à l’eau, que sa survie en dépend. Il est déjà temps de se dire au-revoir, mais quand on aime, on laisse toujours un bout de soi, peu importe la durée du tête-à-tête…

Cet album si joliment illustré, raconte l’amitié qui vous soulève les bras et le ciré, la formidable beauté de l'océan déchaîné, la force tranquille des sentiments vrais, les tartines du goûter après les heures ventées, les chats et les goélands qui guettent le retour du pêcheur, le cœur qui se froisse dans la solitude, la dureté de la séparation et le doux espoir des retrouvailles…

Une très belle histoire d'amitié entre terre et mer. D'amour filial aussi. C'est tendre et vivifiant, c'est la vie au bord de l'Océan.

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